Soeur Olive (Danzé) du Christ Roi (1906-1968) : "Christ-Roi, Prince de la Paix, Maître des Nations"

Présentation

Même plusieurs décennies après sa mort, les opinions restent divisés sur Marie-Catherine Olive Danzé (1906-1968), nom en religion Sr Marie du Christ-Roi. Des chercheurs essayant d’enquêter sur sa vie ont rencontré une grande réticence à parler de la voyante bretonne de Plogoff chez certaines personnes dans les monastères avec lesquels elle était liée.[1] Les raisons pour les problèmes majeurs rencontrés par Sœur Olive tout au long de sa vie religieuse restent plutôt obscures (on a évoqué l’hypothèse de la circulation d’un faux document censé venir du Vatican contre elle), mais nous savons qu’elle fut reçue par le Pape Pie XII le 14 novembre 1953, chez qui elle prononça ses vœux définitifs. Nous pouvons par contre dire avec certitude que les autorités ecclésiales prirent très au sérieux les appels à partir de 1927 que Sœur Olive attribue à Jésus concernant la construction d’'un trône sous le symbole d’un d’un temple consacré avec son vocable : Rex sum ego, Princeps pacis, Rex gentium (Christ-roi, Prince de la Paix, Maître des Nations)'. Tout comme ceux faits à Rozalia Celak en Pologne quelques années plus tard, ces appels surviennent juste après l’Encyclique Quas Primas du Pape Pie XI (1925) qui institue la Fête du Christ-Roi.[2]

Les efforts initiés par Sœur Olive (qui quête dans les églises parisiennes pendant deux heures par semaine entre 1927 et 1929) et soutenus par ses supérieurs aboutissent à la construction du sanctuaire du Christ-Roi à Paris, grâce à une grande campagne internationale pour solliciter un soutien financier. Parmi les 33 pays qui y participent, c’est Irlande qui fournit une grande partie des fonds grâce au Président Eamonn de Valera, informé des révélations de Sœur Olive par Mère Gabriel Mary, mère générale des sœurs de St Joseph de Cluny : en 1946 et 1947 Sœur Olive est reçue à Dublin par de Valera avec honneurs militaires, ainsi que par l’Archévêque John Charles McQuaid.

La première pierre est bénie par Mgr Dubois en 1935, qui dit que "la paix du monde, le bonheur des foyers, le salut de tous" sont "attachés à la royauté du Christ sur nos âmes." Les cloches, dont une parrainée par de Valera et une autre par Paul Claudel, sont bénies par le Cardinal Verdier le 29 juin 1939 et l’autel en 1941 par son successeur, le Cardinal Suhard. Le 16 juin 1956 le Cardinal Feltrin l’élève au rang de Basilique sous le vocable Christ-Roi, Prince de la Paix, Maître des Nations selon la formule de Sœur Olive, disant que

Paris aurait désormais deux sommets de piété au Divin Maître, Montmartre avec son adoration perpétuelle au Coeur du Christ, et la Montagne Sainte-Geneviève avec son adoration perpétuelle au Christ-Roi.[3]

Sœur Olive liait la Basilique du Christ-Roi à la protection de Paris, disant dans une lettre à Pie XII que la présence du sanctuaire avait sauvé la ville de la destruction lors de la Deuxième Guerre Mondiale. Sœur Olive prophétisait également sa reconstruction dans l’avenir (supposant alors la disparition de l’édifice auparavant, ce qui, selon la religieuse, entraînerait le châtiment de Paris par le feu.[4]

Alors vos cœurs et vos mains s'ouvriront à nouveau pour continuer votre générosité à rebâtir le palais du Roi des rois, édifice voulu par Lui, digne de Lui et de tous ceux qui viendront de tous les pays se prosterner devant la divine Majesté.[5]

En février 1977, avec la congrégation de la rue Tournefort en déclin en raison d’un manque de vocations, le terrain est vendu et la Basilique démolie par des développeurs qui y construisent les "immeubles du Panthéon".

 

Extraits :

Voici des extraits des messages reçus par Sœur Olive chez les Bénédictines du Saint-Sacrement, rue Tournefort à Paris : 

 

"Ce que Je désire, c'est qu'on élève une belle chapelle et qu'on fasse connaître mon Cœur à toutes les nations. Qu'elles me prennent pour leur Roi. Je suis Jésus-Christ, Roi et Prince de la Paix sur toutes les nations et sur les âmes de mes créatures. Il n'est pas difficile de faire connaître mon œuvre aux pays étrangers pour avoir de quoi bâtir la chapelle où mon Cœur de Christ-Roi sera honoré. Ce sera ici, dans cette ville capitale, que sera élevée la première chapelle du Christ-Roi. […]" (14 juin 1927)

"Mon Œuvre, c'est que mes enfants et toutes les nations M'adorent dans la Sainte Eucharistie, que Je sois le Roi vivant dans le saint Tabernacle. Mon Œuvre, c'est encore que toutes les nations apprennent que Je suis le Roi de la Paix, Maître des nations, Maître de tous mes enfants. Mon Œuvre, c'est que mon Cœur soit connu par toute la terre. Mon Œuvre, c'est que ma chapelle soit bâtie sans tarder. Je donne deux années entières pour bâtir mon Trône royal. Ma petite Reine, Je t'ai déjà dit que personne ne devra construire aucun bâtiment sur l’emplacement réservé à ma chapelle. Je te répète encore que le terrain me soit livré, et gardé pour mon Asile. J'arrangerai tout. Je mettrai les bâtiments à leur place. Ma petite Reine, il me reste ceci à te dire : qu'au moment où l'image de mon Cœur sera faite, Je veux que l'on grave ces paroles en-dessous : "Adorons le Cœur de Jésus Christ-Roi Prince de la Paix Maître des nations". Mon Cœur sera alors reconnu comme Roi et Prince." (25 juin 1927)

"Je suis Roi de France et de toutes les autres nations. Je veux que cette chère France se consacre à mon Divin Cœur, que toutes les âmes M'aiment et Me connaissent pour leur vrai Roi. C’est alors que Je verserai à flots mes richesses, mes grâces et mes bénédictions sur la belle patrie tant aimée de mon Cœur. Mais pour cela, tu dois prier, tu dois souffrir, ma petite victime, tu dois même mourir. Mais tu dois aussi ressusciter pour venir ici-bas consoler ta chère France, les âmes et aussi mes ministres et mes épouses. Tous seront inquiets de voir l'état de leur patrie, l'état des âmes. Ils demanderont : Est-ce que Dieu est fâché contre nous ? Il nous punit ? Non pas vous, mes épouses et mes ministres, mais ceux qui n'auront pas voulu se soumettre à Moi." (7 juillet 1927)[6]

NOTES 

[1] Voir les propos de Paulette Leblanc et Alphonse Rocha: http://nouvl.evangelisation.free.fr/soeur_olive_07.htm

[2] Dans la première Encyclique qu'au début de Notre Pontificat Nous adressions aux évêques du monde entier, Nous recherchions la cause intime des calamités contre lesquelles, sous Nos yeux, se débat, accablé, le genre humain. Or, il Nous en souvient, Nous proclamions ouvertement deux choses: l'une, que ce débordement de maux sur l'univers provenait de ce que la plupart des hommes avaient écarté Jésus-Christ et sa loi très sainte des habitudes de leur vie individuelle aussi bien que de leur vie familiale et de leur vie publique; l'autre, que jamais ne pourrait luire une ferme espérance de paix durable entre les peuples tant que les individus et les nations refuseraient de reconnaître et de proclamer la souveraineté de Notre Sauveur. C'est pourquoi, après avoir affirmé qu'il fallait chercher la paix du Christ par le règne du Christ, Nous avons déclaré Notre intention d'y travailler dans toute la mesure de Nos forces ; par le règne du Christ, disions-Nous, car, pour ramener et consolider la paix, Nous ne voyions pas de moyen plus efficace que de restaurer la souveraineté de Notre Seigneur.

https://www.vatican.va/content/pius-xi/fr/encyclicals/documents/hf_p-xi_enc_11121925_quas-primas.html

[3]  http://www.lhomond.fr

[4] Jean-Baptiste Roussot, La Colombe de France, la vie et la mission de Sœur Marie du Christ-Roi (Montsûrs : Résiac, 2001), p. 37. Voir aussi les propos des neveux de Sœur Olive recueillis par Jacques Kayser : https://chretiensmagazine.fr/

[5] Ibid., p. 40.

[6] Source : Jean-Baptiste Roussot, La Colombe de France.