La Médaille Miraculeuse

Présentation :

Si les apparitions de la Vierge en 1830 à Ste Catherine Labouré dans la chapelle de la Rue de Bac ne s'accompagnent pas de prophéties spécifiques pour notre temps, leur portée prophétique semble néanmoins incontestable. On y trouve des prédictions pour la Communauté de Catherine Labouré et la famille vincentienne, ainsi que pour Paris, la France et le monde: 

Les temps seront mauvais. Les malheurs viendront fondre sur la France. Le trône sera renversé. Le monde entier sera renversé par des malheurs de toute sorte. [...] De grands malheurs arriveront. Le danger sera grand. [...] On croira tout perdu. [...] Pour le clergé de Paris, il y aura des victimes: Monseigneur l'Archevêque mourra.[1]" [...] Mon enfant, la croix sera méprisée. On la mettra par terre. Le sang coulera. On ouvrira de nouveau le côté de Notre Seigneur. Les rues seront pleines de sang.[...] le monde entier sera dans la tristesse."[2]

Cependant, on peut dire que les apparitions de la Rue du Bac ont également une dimension prophétique dans un sens plus large. Considérées dans le contexte de la tradition mystique moderne, c'est à Paris en 1830 qui s'ouvre le grand cycle de mariophanies de caractère ouvertement eschatologique - cycle qui dure jusqu'à nos jours en passant par La Salette, Fatima, Amsterdam, Akita... Si les paroles attribuées par Ste Catherine à celle qui a été "conçue sans péché" ont certes marqué la théologie mariale, c'est avant tout dans la richesse du symbolisme visuel de la Médaille Miraculeuse - symbolisme qui englobe toute l'histoire du Salut - que cet aspect eschatologique devient clairement visible. Marie est présentée ici comme celle qui écrase la tête du serpent (Gn 3,15), médiatrice de grâces (les rayons qui sortent de ses mains) et Avocate (la prière lui demandant de prier pour nous), mais aussi au revers comme la Femme de l'Apocalypse. Ce sont les douze étoiles d'Apoc. ch. 12 qui entourent les deux coeurs de Jésus et Marie sous la Croix et la lettre "M", entrelacées pour souligner l'unité du Sauveur et sa Mère.

Une prière de Jean-Paul II prononcée en 1980 dans la chapelle de la rue du Bac en réponse à celle de Ste Catherine Labouré nous offre une interprétation théologique forte de la Médaille:

« Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous »

Telle est la prière que tu as inspirée, ô Marie, à sainte Catherine Labouré, en ce lieu même, voilà cent cinquante ans; et cette invocation, désormais gravée sur la Médaille, est maintenant portée et prononcée par tant de fidèles dans le monde entier! […] Tu es bénie entre toutes les femmes! Tu as été associée intimement à toute l’oeuvre de notre Rédemption, associée à la Croix de notre Sauveur; ton cœur a été transpercé, à côté de son cœur. Et maintenant, dans la gloire de Ton Fils, tu ne cesses d’intercéder pour nous, pauvres pécheurs. Tu veilles sur l’Eglise dont tu es la Mère. Tu veilles sur chacun de tes enfants. Tu obtiens de Dieu, pour nous, toutes ces grâces que symbolisent les rayons de lumière qui irradient de tes mains ouvertes, à la seule condition que nous osions Te les demander, que nous approchions de Toi avec la confiance, la hardiesse, la simplicité d’une enfant. Et c’est ainsi que Tu nous mènes sans cesse vers Ton divin Fils.[3]

Certains ont interprété la Médaille Miraculeuse comme présageant la demande du Cinquième Dogme de Marie "Co-rédemptrice, Médiatrice de toutes les grâces et Avocate" formulée lors des apparitions d'Amsterdam à partir de 1951. Une telle interprétation n'est évidemment possible qu'a posteriori, mais elle présente une forte cohérence avec le contenu théologique exprimé de manière explicite et implicite sur cette Médaille frappée dès 1832 en des centaines de millions d'exemplaires. On peut donc comprendre comment Ida Peerdeman, la voyante des apparitions d'Amsterdam, ait pu écrire suite à son pèlerinage à la Rue du Bac du 31 mai 1969:

Pendant que je communiais dans la chapelle de la rue du Bac, je vis à nouveau la lumière et j’eus la forte impression que le Seigneur était à nouveau sensiblement présent en moi. Je perçus les paroles suivantes qui s’imprimèrent profondément en moi, mais sans qu’elles aient été prononcées: “Ce qui a été commencé ici, a été continué par la DAME DE TOUS LES PEUPLES.” [4]

Notes : 

[1] Juste avant sa mort en 1876, Catherine affirme qu'il s'agissait de Mgr Darboy, fusillé pendant la Commune, le 24 mai 1871. Selon Léon Bloy dans Celle qui pleure, sa mort avait également été prédite par Maximin Giraud, voyant de La Salette, en décembre 1868:

Le 4 décembre 1868, Maximin était reçu à l'Archevêché de Paris, Mgr Darboy, si admirablement domestiqué par l'Empereur, comme on sait, ayant désiré le voir. L'entrevue, racontée par Maximin, fut assez longue. Sa Grandeur qui, sans doute, avait espéré contraindre le berger à lui dévoiler son secret, parla de manière à scandaliser profondément son auditeur qui avait été Zouave pontifical, accusant la Sainte Vierge d'exagérer les égards qu'on doit à la Papauté et de n'avoir fait que des prophéties de hasard. - "Moi aussi, je ferais bien des prophéties de cette force-là!" osa dire cet archevêque. Enfin, s'exaspérant jusqu'au blasphème : - " Après tout, qu'est-ce qu'un discours comme celui de votre prétendue Belle Dame ? Il n'est pas plus français qu'il n'a le sens commun... Il est stupide, son discours! Et le Secret ne peut être que stupide... Non, je ne puis, moi, archevêque de Paris, autoriser une dévotion pareille!" [...]

"Monseigneur, répondit [Maximin] avec force, il est aussi vrai que la Sainte Vierge m'est apparue à la Salette et qu'elle m'a parlé, qu'il est vrai qu'en 1871, vous serez fusillé par la canaille". Trois ans plus tard, à la Roquette, on assure que le prélat, prisonnier, répondit à des personnes qui voulaient faire des tentatives pour le sauver : - " C'est inutile, Maximin m'a dit que je serais fusillé. (Léon Bloy, Celle qui pleure (Notre-Dame de la Salette), Mercure de France, 1908, p. 93-94.)

Il est difficile d'évaluer l'authenticité de ce récit, mais dans leur étude des apparitions de La Salette, Michel Corteville et René Laurentin affirme que c'est bien Maximin Giraud qui avait raconté l'entretiee, et que "son récit est conforté par les témoignages d'Amédée Nicolas et de l'abbé Déprimoz." (Découverte du secret de La Salette (Fayard, 2002), p. 239n.)

[2] https://nominis.cef.fr/contenus/messagedeMariecatherinelaboure.pdf

[3] https://www.chapellenotredamedelamedaillemiraculeuse.com/priere-de-jp-ii-a-la-chapelle/

[4] Source: https://theladyofallnations.info